Se rendre au contenu

Transformer les pays enclavés d’Afrique : de l’isolement à l’intégration

By Des H Rikhotso (PgDip-BA) (MBL)

Les 16 pays en développement sans littoral (LLDC) d'Afrique ont longtemps été confrontés à un paradoxe de géographie et d'économie : bien qu'ils soient dotés de vastes ressources naturelles et d'une population jeune, ils restent déconnectés du système commercial mondial et des marchés régionaux, souvent enfermés dans des cycles de pauvreté et de sous-développement.


De Botswana au Zimbabwe, ces nations portent le fardeau des coûts de transport élevés, d'une infrastructure médiocre et d'une forte dépendance à l'égard des voisins côtiers pour le commerce, un héritage des frontières coloniales et d'un sous-investissement historique dans l'intégration régionale. Pourtant, un nouveau paradigme émerge : transformer ces pays de pays enclavés à pays reliés, débloquant des opportunités pour une croissance durable, l'industrialisation et une prospérité inclusive.



Le terme « lié au territoire » transcende la simple géographie physique ; il représente un changement de mentalité, une réorientation économique et politique qui voit les PMA sans littoral non pas comme des victimes de leurs frontières, mais comme des acteurs clés dans les corridors régionaux, les chaînes de valeur et les réseaux d'approvisionnement mondiaux. Cette vision s'aligne avec l'examen à mi-parcours de haut niveau de 2019 du Programme d'action de Vienne (PAV), qui a tiré la sonnette d'alarme sur les défis persistants auxquels sont confrontés les PMA sans littoral.


La Revue a appelé à une action urgente : construire des corridors de transport efficaces, réduire le temps de trajet et intégrer des systèmes de gestion du transport international pour éliminer la duplication des efforts. Au cœur de cela, c'est un appel retentissant aux gouvernements africains à penser au-delà des frontières et à construire des infrastructures transfrontalières qui relient les économies, améliorent le commerce et favorisent le développement durable.


Les défis sont frappants. Les pays africains enclavés souffrent de coûts de transport moyens jusqu'à 50 % plus élevés que ceux de leurs pairs côtiers, absorbant souvent les revenus d'exportation et faisant grimper les prix des importations essentielles. Pourtant, le continent n'est pas sans espoir, ni sans exemples de ce qui est possible. La Route côtière transafricaine (TAH 7), s'étendant de la Mauritanie au Nigeria, est un phare éclatant de coopération régionale. Cette artère à six voies, actuellement axée sur le Corridor Abidjan-Lagos, est destinée à intégrer 12 nations côtières d'Afrique de l'Ouest, avec des routes de desserte reliant le Mali et le Burkina Faso, qui sont enclavés.


Plus qu'une merveille d'ingénierie, c'est une bouée de sauvetage pour le commerce régional, promettant de transformer des économies isolées en partenaires commerciaux prospères au sein du bloc CEDEAO. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) amplifie cet impact, catalysant le commerce intra-africain, stimulant les industries locales et réduisant la dépendance aux modèles de matières premières extractives qui ont historiquement échoué à créer des emplois ou à assurer une croissance durable.


Un autre développement notable est la collaboration entre la Namibie et le Botswana pour construire conjointement une raffinerie de pétrole, une initiative audacieuse qui promet non seulement de réduire la dépendance aux produits pétroliers raffinés importés, mais aussi d'améliorer la sécurité énergétique régionale. 


Pour le Botswana, un pays souvent perçu uniquement comme un producteur de diamants, il s'agit d'un pivot stratégique : se positionner en tant que partenaire industriel, innovateur et moteur du développement régional. Pour la Namibie, la raffinerie signale un engagement envers la collaboration transfrontalière qui tire parti des forces de chaque pays, de la logistique dans le corridor de Walvis Bay en Namibie, de la réglementation énergétique et de la diversification économique.


Au niveau des politiques, la CNUCED a été à l'avant-garde de la promotion d'approches transformantes pour les PMA d'Afrique. L'organisation souligne à juste titre que les anciens modèles de croissance axés sur les matières premières n'ont pas tenu les promesses d'emplois décents et de réduction de la pauvreté.


Au lieu de cela, une nouvelle génération de politiques est nécessaire, des politiques qui privilégient la valeur ajoutée, le transfert de technologie, la fabrication locale et la gestion durable des corridors. Le soutien de la CNUCED, ancré dans le VPoA, traduit ces objectifs en une assistance technique concrète qui permet aux pays africains de construire des chaînes d'approvisionnement résilientes et des cadres d'intégration régionale.


La transformation d'un pays enclavé à un pays relié est avant tout une question d'état d'esprit. Elle nécessite que les gouvernements considèrent les frontières non pas comme des barrières mais comme des ponts, des opportunités pour le commerce, l'innovation et la prospérité partagée. Elle met au défi les décideurs de concevoir des corridors de transport qui ne soient pas seulement des autoroutes mais des lignes de vie économiques, intégrant ports, chemins de fer, infrastructures numériques et parcs industriels. 


Il appelle les investisseurs à aller au-delà des industries extractives et à voir les PMA africains comme des marchés dynamiques et des pôles industriels. Il exige que les entrepreneurs, en particulier la jeunesse dynamique de l'Afrique, se lèvent pour construire des solutions qui favorisent le commerce transfrontalier, l'intégration des chaînes d'approvisionnement et les chaînes de valeur régionales.


Ceci n'est pas un rêve. C'est une stratégie, un plan pour transformer le récit économique de l'Afrique de l'isolement à l'intégration. Alors que les pays africains collaborent pour construire des corridors comme le TAH 7, investissent dans des coentreprises comme la raffinerie de pétrole Namibie-Botswana, et adoptent le libre-échange régional sous l'AfCFTA, ils posent les bases d'un continent où aucun pays n'est laissé pour compte, aucune économie n'est fermée, et aucune frontière n'est un obstacle au progrès.


Les PMA sans littoral d'Afrique se tiennent au seuil d'une nouvelle aube. Avec un leadership visionnaire, des investissements stratégiques et un engagement indéfectible en faveur de la coopération régionale, ces nations peuvent passer des marges du commerce mondial au centre de la transformation économique de l'Afrique. Le passage de l'enclavement à l'interconnexion ne concerne pas seulement le transport de marchandises ; il s'agit de déplacer des personnes, des idées et des avenirs vers une prospérité partagée.

Transformer les pays enclavés d’Afrique : de l’isolement à l’intégration
Des H Rikhotso (PgDip-BA) (MBL) 6 juin 2025
Partager cet article
Étiquettes
Archive
Le paradoxe du financement en Afrique
Par Agnes Chikukwa Hove